LE MATERIEL MOUCHE-SAUMON

LES BONS CONSEILS DU CLUB DES SAUMONIERS ET CEUX DE JEAN-JACQUES CHAUMET,HABITUE DE LA SUIR DEPUIS PLUS DE 20 ANS

   Bonjour, ayant la chance de vivre depuis 45 ans sur les bords de la rivière Suir et le privilège de gérer 4 excellents parcours privés sur cette rivière depuis 35 ans, je dois admettre que depuis quelques saisons, je ne pêche plus le saumon sur cette rivière que lorsque les conditions de pêche sont idéales pour la pêche ( poissons fraichement remontés après un crue, météo et niveaux d’eau adéquats). Aussi, quand « le robinet saumon est ouvert » une simple soie flottante ou une soie intermédiaire m’autorisent encore d’obtenir des résultats très satisfaisants.

Néanmoins, tout le monde n’a pas ma chance et le pêcheur de passage doit avoir un arsenal plus conséquent afin de pouvoir faire face aux conditions de pêche qu’il rencontrera durant son séjour de pêche sur la Suir. C’est pourquoi, je laisse aujourd’hui la place aux « vrais spécialistes de la pêche du saumon à la mouche » qui sont plus qualifiés que moi pour vous aider à bien choisir votre futur matériel de pêche saumon

 

Quel matériel pour pêcher le saumon à la mouche sur la SUIR?

 

   C'est LA question des débutants quand ils envisagent de s'équiper, mais la réponse aidera aussi  ceux qui le sont déjà, à faire une sélection dans leur matériel, histoire de ne pas charger les bagages pour rien ou de ne pas laisser à la maison le bon matos.

  La Suir est une rivière que l'on peut qualifier de moyenne mais qui a tout d'une grande. En particulier, elle est souvent profonde, ce qui oblige à rester à proximité des bordures, faute de pouvoir avancer vers le milieu du lit ( ce qui est d'ailleurs rarement une bonne idée).

 

  La Canne : La largeur moyenne de 30 à 40 mètres, conduit donc à conseiller la canne passe-partout du saumonier à savoir la 14 pieds pour soie de 9/10. Cette canne pourra être utilisée dans la plupart des cas et en particulier quand l'eau est plutôt basse. Lorsque le niveau de l'eau est plus haut, une canne de 15 pieds soie 10/11 pourra être préférée, notamment en cas de coup d'eau car une canne plus forte  facilitera l'utilisation des soies plongeantes. De plus, une canne plus longue permettra de gagner les quelques mètres supplémentaires parfois nécessaires.

Une 12,5 ou 13 pieds peut aussi être utilisée dans les cas d'eau basse mais le vent assez souvent présent risque de vous faire regretter ce choix.

Actuellement, il n'y a plus guère de mauvaises cannes sur le marché, il y en a certes de plus performantes mais les distances normales de pêche peuvent être atteintes par toutes.

La légèreté est aussi un atout, mais plutôt que d'insister sur ce point, il serait judicieux de penser plutôt à son encombrement. En effet, pour aller sur la Suir ou partout ailleurs dans le monde, il nous faut le plus souvent prendre l'avion et une 14 ou 15 pieds en trois ou même en 4 brins obligent à opter pour un tube avec le surcoût et le risque de perte supplémentaire que cela entraine. Les cannes en 5 ou 6 brins commencent à arriver sur le marché et présentent l'avantage d'entrer dans votre  bagage qui voyagera en soute. Les cannes en 6 brins sont encore assez lourdes mais elles peuvent être performantes et certaines conviennent à tous les budgets (Shakespeare ou Greys ont des modèles tout à fait performants en 6 brins. Loop ou Zpey ont de leur côté quelques modèles en 5 brins. Des artisans comme Christian Launsdorfer ou Eddy de Fishbone peuvent aussi vous monter de telles cannes).

  Cela étant, le meilleur conseil à donner est toujours d'essayer avant d'acheter.  En effet, les actions mais aussi les formes et les longueurs de poignée ne conviennent pas à tous. 

  Choisir un modèle en rapport avec ses compétences est aussi un bon conseil, il est préférable pour un débutant ou un lanceur moyen de s'orienter vers des actions dites progressives plutôt que vers les modèles certes performants mais ultra-rapides qui ne permettent aucune erreur de timing. Pour donner des exemples, chez Sage il vaudra mieux s'orienter vers les Zaxis que les TCR ou TCX. Chez Guideline vers les MF (médium fast) que les  F (fast = rapide), chez Vision (distribué par JMC sous le nom de Triumph) choisir les  3Zone ou Cult plutôt que la Catapult etc...

Cela étant, si vous êtes du genre nerveux et séduit par les soies de type 'shooting head', une canne rapide peut vous convenir à merveille. Vous pouvez casser la tirelire en achetant une Loomis NRX mais attention, plus vous allez choisir une canne rapide moins elle sera adaptée aux soies Spey . Une soie de type 'short head' (tête courte) sera alors le compromis à privilégier.

 

   Le moulinet : Il doit naturellement être suffisamment dimensionné pour recevoir la soie et une bonne quantité de backing (200 mètres minimum), avoir un frein progressif (pas forcement puissant car on perd probablement plus de saumons en les bridant trop lors du combat qu'à les travailler plus en douceur). Quand on a des cannes raides, des soies à faible étirement (low strech), si le frein n'est pas capable de donner de la soie quand le poisson en demande, les ennuis ne sont pas loin...

  Le point essentiel concernant le moulinet est son poids. Ce qui peut paraître paradoxale est que le conseil est de chercher des modèles lourds et d'oublier les poids plumes vantés par les publicités. Plus que le poids de la canne, c'est l'équilibre  de l'ensemble canne-moulinet qui compte au bout de la journée. Le test consiste alors à chercher le point d'équilibre en posant votre canne sur votre main ouverte au niveau du haut de la poignée, le moulinet en place avec le ventre de la soie sortie (ce qui correspond à une situation  habituelle de pêche). Si ce point est au-dessus de la poignée, le moulinet est trop léger et vous avez la garantie d'une bonne fatigue voir d'un poignet endolori après une journée de pêche. Si besoin, et afin d'apporter plus de poids au niveau du moulinet, il est alors possible d'enrouler quelques mètres de 'lead core' pour ramener ce point au niveau de la position naturelle de votre main sur la poignée.  

 

  Les soies : Premier point, il faut choisir une soie ou une tête de lancer prévue pour les cannes à deux mains. En effet une soie N° 9 pour canne à une main ne conviendra pas à une canne à deux mains, même si celle-ci est prévue aussi pour une soie N° 9. La raison en est que le ventre pèse 15.5 g. pour la première contre environ 36 g pour la seconde!

   La numérotation des soies reste basée sur la norme AFTMA qui se réfère au poids des neuf premiers mètres de la soie. Les soies Spey ont un ventre ('Belly') qui va, selon les modèles, de 15 à plus de 20 mètres et les têtes de lancer ('shooting head') le plus souvent de 11 à 13.5m. Cette norme n’est donc pas très adaptée et, d’un fabricant à l’autre, le poids des soies pour un même numéro peut être nettement différent. Le poids indiqué correspond à celui du ventre qui est la partie de la soie qui va faire travailler la canne lors du lancer. Les soies Spey étant des WF spécialement profilées pour ce type de lancer, elles sont donc constituées d’un ventre (la partie grosse de la soie avec des profils variables selon les fabricants et certains usages particuliers) et d’un 'running line' (soie plus fine et parallèle destinée à être libérée lors du shoot avant, afin de gagner en distance de lancer). Tout comme pour une canne à une main une soie doit parfaitement correspondre à la puissance de la canne.

 

  Second point, une des questions les plus fréquentes est : « Qu'est-ce qui est mieux, une soie spey ou une tête de lancer? »

  En fait, opposer les 2 types de soie n'a pas de sens, elles ont des avantages et des inconvénients et même si elles ont des plages d'utilisation communes, elles répondent à des besoins différents. Elles sont donc plutôt complémentaires que concurrentes.

  Le bon choix pour la Suir ou ailleurs, est de prendre une bobine avec une soie mid spey (ou short head si vous débutez ou avez du mal à contrôler des ventres un peu longs) en multi-tip. Cette solution permet de mettre une pointe intermédiaire ou plongeante si cela est nécessaire. En ayant une seconde bobine avec des shooting head, cela vous permettra de pêcher plus confort si il faut sortir les soies plongeantes ou encore en restant en flottante de pêcher dans les endroits très encombrés (certains les préfèrent également quand le vent est très fort).

 

  Le Club compte de plus en plus d'inconditionnels de la Snowbee 2D mais Rio, Airflo, Loop, Vision, Hardy ou Guideline entre autre font aussi de bonnes soies. Encore plus que pour les cannes à une main, le choix de la bonne soie (le poids du ventre en fonction de sa longueur) est fondamental. Malheureusement s'en remettre au numéro indiqué sur la canne ne suffit pas puisque d'un fabricant à l'autre, les poids sont différents pour un même numéro. La bonne nouvelle est que l'un d'eux nous aide à nous y retrouver, il s'agit de Rio qui publie sur son site un référentiel de ses soies (longueur et poids) et surtout un guide reprenant la plupart des cannes du marché avec les soies conseillées. Si vous ne voulez pas acheter une soie de marque Rio, il vous suffit de regarder le poids de la soie équivalente (shooting = ASF, Shoort belly= Windcutter, Long belly = Powerspey) et de trouver chez votre fabricant préféré celle qui convient.

   Lors de stages du Club, nous avons souvent fait le constat qu'une canne soit disant pas terrible était souvent desservie par un mauvais mariage de soie et lui mettre une soie plus lourde ou parfois plus légère, la rendait comme par magie d'un coup tout à fait performante et agréable.

 

  Pour tout conseil, rendez-vous sur notre Forum

 

                                                                                                                                   Titgh lines.

 

     Le monde évolue vite, la matériel aussi, depuis les très bons conseils prodigués par Daniel, certaines évolutions sont apparues notamment sur les têtes de lancer             

 ( shooting head).

  Nous entendons parler maintenant de double, triple ou quadruple densité en fonction des marques, c’est quoi :

  -Les têtes de lancer classiques étaient et sont toujours obtenues par l’ajout de poudre de tungstène au revêtement des soies en quantité variable pour obtenir des: plongeantes lentes, rapides, super rapides, extra rapides, les soies descendent quasiment horizontalement sous la surface .

  -Les multi-densités impliquent maintenant des pourcentages de poudre de tungstène variable en fonction de la partie des soies et ceci sur 2,3,4 tronçons ; la pointe étant la plus chargée.

 L’avantage est évident dans la mesure ou la soie ainsi « chargée » va descendre de manière oblique par rapport à la surface, ce qui vous permettra de la sortir plus aisément pour relancer, et surtout vous donnera une meilleure perception du travail de votre mouche .

  La majorité des têtes de lancer étant conçues pour être utilisées avec  des poly/versileader il est nécessaire de choisir une densité supérieure afin d’éviter toute cassure dans la ligne .

La combinaison passe partout étant S1/S3.

 

Christian Roulleau

  

Jean-Jacques CHAUMET est sans aucun doute le meilleur pêcheur de saumon que j’ai eu le plaisir d’accueillir sur les parcours de pêche privés que je gère sur la rivière SUIR depuis 33 ans. Ce pêcheur hors-pair dont la réputation et le palmarès halieutiques sont difficiles à battre revient religieusement depuis plus de 20 ans pêcher cette belle rivière du Sud de l’Irlande. Ses expériences acquises au fil de ses nombreux séjours de pêche sur la SUIR, il les partage ici dans cet article et vous donne une foule de conseils judicieux essentiels qui augmenteront sans aucun doute vos chances de réussite sur cette rivière lorsque les conditions de pêche seront loin d’être idéales et décourageront souvent des pêcheurs moins tenaces que cet Auvergnat qui « ne lâche jamais rien au bord de l’eau… 

Rivière SUIR : SAUMON à la Mouche.

 COMMENT TIRER VOTRE EPINGLE PAR NIVEAU FORT.

     Par fort niveau, vous avez de bonnes chances de rencontrer des saumons mordeurs. Mais, pour en profiter, il faut adapter matériel et action de pêche.

  L’estuaire de la SUIR est long de 50km et les effets de la marée se font sentir jusqu’à 2km en amont de la ville de Carrick on Suir. Chez Jean Loup Trautner, son parcours le plus aval est situé à 6km de la limite de la marée. De ce fait, un bon coup d’eau dans la rivière et des saumons frais, souvent encore porteurs de poux de mer, sont présents sur les pools en moins de 24 h ! Les poissons résidents profitent de la montée des eaux pour reprendre leur périple vers l’amont, ou se déplacent dans le pool. Frais montés ou résidents en mouvement, ces deux catégories de saumons sont potentiellement mordeuses. Un tube-fly, ou une grosse mouche sur hameçon simple ou double ont alors autant de chance de succès que n’importe quel devon, cuillère ou leurre moderne.

   Dés que le niveau monte, l’eau se trouble et se charge en particules arrachées sur le fond et contre les berges (débris d’herbiers et de feuilles principalement). Ce défilé incessant de particules, dont la taille varie de quelques millimètres à quelques centimètres, dérange les saumons et retarde leur progression vers l’amont. Mais surveillez attentivement la rivière et dès que les particules deviennent éparses, puis disparaissent, et que le lit de la rivière est enfin « nettoyé » les conditions deviennent idéales, même si l’eau vous paraît trop trouble (si vous apercevez vos pieds sous 20 cm d’eau, le saumon est capable de détecter votre mouche(tube) à plusieurs mètres, et pourrait bien s’en saisir !).

Ce fort niveau de la SUIR peut durer de quelques heures à une, voire plusieurs journées. Pour ne pas louper ce créneau, vous devez tenir compte de 3 paramètres :

– 1 Vitesse et force du courant, qui obligent à effectuer une lecture de la rivière, pour repérer une veine d’eau de quelques mètres de large, où « il ferait bon nager » sans subir le plus fort du courant. Cette zone propice est « la bande de touche », qu’il faudra prospecter au mieux.

– 2 Turbidité de l’eau : plus ou moins trouble, l’aspect de l’eau impose le choix de la taille et des coloris de vos mouches (tubes).

– 3 Température de l’eau : la montée du niveau s’accompagne d’une baisse plus ou moins importante de la température, à vous d’ajuster la taille de la mouche, et aussi son allure : profondeur et vitesse de dérive.

   Pour profiter de cet épisode d’eaux fortes, mettez en action le matériel adéquat. Votre moulinet, et votre canne habituelle (14 à 15 pieds) conviennent généralement. Seule une action trop parabolique de la canne peut être un handicap. Un modèle d’action « medium-fast » fait l’affaire. Une canne d’action de pointe trop marquée peut faciliter les lancers, mais s’avère trop dure lors du combat.

La soie doit concentrer votre attention. Une « flottante », même équipée d’un tip ou polyleader plongeant, est balayée par le courant, et votre mouche (tube) traverse la bande de touche trop vite, et trop prés de la surface. Dans ces eaux rapides et puissantes les soies « shooting head scandi triple densité » offrent une bonne solution (*2). Ces « têtes de lancer » sont des fuseaux qui mesurent de 10, 40 m (en N° 7/8) à 12, 20 m (en N° 10/11). Leur poids va de 30 g (en N° 7/8) à 42 g (en N° 10/11). Pour comprendre le concept de « triple densité », prenons l’exemple d’une shooting « RIO SCANDI INTOUCH 3D » de type « H/I/S3 » (*1): la partie arrière (H = HOOVER) plonge à une vitesse de 2,5 cm par seconde ; la partie médiane (I = INTERMEDIAIRE) plonge à 5 cm par seconde ; et la pointe (S3 = PLONGEANT 3), coté bas de ligne, descend à 7,5 cm par seconde. Ce profil, de plus en plus fin et de plus en plus dense lorsqu’on va vers le bas de ligne, facilite le lancer. Il optimise le contrôle de la dérive, et la présentation de la mouche (tube). Sa longueur modeste permet de lancer, même lorsqu’on est obligé de rester collé à la berge, à cause du fort niveau. Avec un peu de pratique, vous pouvez réussir des posés discrets, nécessaires en début et fin de crue.

Pour faire face aux fluctuations de niveaux, pouvant aller de moyen/fort à fort voire très fort, prévoyez au moins 2 types de shooting. Pour choisir référez vous au tableau ci dessous, qui donne quelques références de produits fiables.

REF SHOOTING / NIVEAUX

Moyen / haut

Haut

Très haut

 RIO SCANDI INTOUCH 3D

F / H / I

H / I / S3

H / I / S3

GUIDELINE SCANDI

F / H / S1

I / S1 / S2

I / S2 / S3

VISION ACE SHOOTING SCANDI

F  to clear I

S1 to S3

S1 to S3

   

  Les VISION ACE ne sont pas « triple densité » mais à densité progressive de F à I, ou S1 à S3 etc.

  Leur comportement est semblable aux « triple densité ».

* 1)  F = Flottante

        H = Hoover, plonge de 2,5 cm par seconde.

        I  = Intermédiaire, plonge de 0,5 cm à 2,5 cm par seconde ( inter. Lent, moyen ou rapide)

        S1 = Plongeant 1 plonge de 1 inches (pouce) par seconde : environ 2,5 cm / s

        S2 = Plongeant 2 plonge de 2 inches (pouces) par seconde : environ 5 cm / s

        S3 = Plongeant 3 plonge de 3 inches (pouces) par seconde : environ 7,5 cm / s

 

*2) Il existe d’autres solutions par fort niveau : shooting « skagit » ou  soie « spey versitip »(avec tips plongeants de 15 pieds), mais les « scandi 3D » me semble offrir le meilleur ratio maniabilité-contrôle de dérive-discrétion.

 

    Pour utiliser ces shooting, prévoyez soit une bobine supplémentaire de votre moulinet, soit un 2ème moulinet. Installez un backing de 100 à 150 m en 30 lbs, puis un « running line » qui permet de prolonger le lancer par un « shoot » plus ou moins long. Le running line est une sorte de soie parallèle fine : absence de mémoire et très bonne glisse. Il se termine par une grande boucle, qui permet de changer rapidement de shooting. Voici 2 références fiables : RIO « POWERFLEX MAX », diamètre 0,89 mm (bleu) et VISION «  ACE CONTROL », 30 lbs. N’oubliez pas d’accorder vos shooting à la puissance de votre canne. Pour cela, l’idéal est d’étalonner la canne (à l’intersaison) en essayant divers grammages de shooting, soit auprès d’un confrère déjà équipé, soit à l’occasion d’un stage de lancer « spey cast ». D’un modèle de canne à l’autre, pour un même marquage de puissance, par exemple « 9/10 », la charge optimale peut être de 38 g pour l’une, et 42 g pour l’autre. Pour la première ce sera une shooting N° 9/10, et N° 10/11 pour l’autre.

Le bas de ligne est court, pour obliger le tube (ou la mouche) à nager à la profondeur imposée par la soie. 1,20 m de nylon ou fluorocarbone 35/100 est un bon compromis.

Pour ces eaux fortes, j’ai une préférence pour les tubes-flies « cone-head », montés sur tube plastique. Ils sont plus vivants que les tubes cuivre (ou laiton) et accrochent moins le fond en fin de dérive. Selon la turbidité de l’eau, sa température, et la force du courant, je joue sur 3 tailles, caractérisées par leur longueur totale, de la pointe du cône à l’extrémité de l’aile : 6 à 7 cm ; 5 cm et   4 cm. Je me limite à 4 ou 5 modèles (voir photos), déclinés chacun dans les 3 tailles. Les modèles présentés portent les noms de grands classiques. Ce ne sont pas d’exactes reproductions, ils en sont seulement inspirés. Les choix de modèles de tubes ou mouches restent très personnels, à chacun de se faire sa boîte...selon ses convictions. Je pense cependant que dans une eau très trouble, le noir, le jaune et l’orange restent les plus visibles.

   Pour adapter votre action de pêche, commencez par repérer les pools ou portions de pools pêchables. Pour cela, une visite rapide des parcours s’impose, tout en mettant quelques coups de ligne pour vérifier la « pêchabilité ». Pensez aussi que le coup d’eau arrive plus vite, et s’estompe plus tôt sur les secteurs amont. Cela vaut le coup de pêcher, même s’il n’y a qu’une bordure de 3 à 4 m de largeur à prospecter.

Maintenant que vous savez où vous allez pêcher, vient le choix crucial de la soie. Par niveau moyen à moyen/fort, optez pour une « F/H/I » ou « F/H/S1 ». Par niveau fort voire très fort, il faut plus de densité pour pêcher plus profond et suffisamment lentement, malgré la puissance du courant. Utilisez alors une « H/I/S3 » ou « I/S1/S2 ». Mais ne restez pas enfermé dans ce schéma. Ce sont vos sensations, après avoir enchaîné quelques dérives, qui vous dictent comment ajuster le choix : si votre ligne est balayée par le courant, sans avoir le temps de plonger, passez à un shooting plus plongeant. Si, au contraire, la soie fait du « sur place », et se « tanke » au fond avant la bordure, revenez à un modèle plus « light ». Il faut moins de 5 mn pour changer de shooting… Alors, évitez de tomber dans la routine et ajustez en permanence. Par exemple, la tête du pool, rapide, demande peut être une « I/S1/S2 », alors que son « ventre », plus lent, exige une « F/H/I ».

Pour le choix de la mouche(ou plutôt tube fly), vous devez tenir compte de l’état de la rivière 

   1) Turbidité de l’eau :

    Eau trouble à très trouble : coloris qui tranchent, soit dominante noire, soit jaune - orange - vert fluo (surtout par temps ensoleillé).

    Eau peu teintée : coloris de votre choix : plutôt clair et brillant par temps clair, plutôt sombre par temps couvert.

 2) Vitesse du courant (liée à l’importance du niveau) :

    Plus l’eau est rapide, plus vous augmentez la taille de la mouche (tube).

3) Température de l’eau :

    Plus elle est basse, plus vous augmentez la taille de la mouche (tube).

    Pour illustrer :

  

 

 

Par eau trouble, niveau fort et eau à 10 – 12°, par tempscouvert, je choisirais un tube « green butt » de 6 -7 cm. Si le soleil se montre, je passerais à un tube « façon G H » de même taille.

  

 

 

 

 

 

 

 

 

Par niveau moyen/fort, et eau peu teintée à 12 – 14°, partemps ensoleillé, je ferais confiance à un tube « silver stoat’s tail » ou « cascade » de 4 cm.

 

 

 

 

 

  

 

Par temps couvert, un« green butt » de 5 cm.

 

   Vous voilà prêt à effectuer votre premier lancer. Plus l’eau est trouble, rapide et froide, plus il faut pêcher profond et lentement. Pêcher peu profond et donner de la vitesse à votre tube (ou mouche) est parfois nécessaire en milieu et fond de pool. Pour cela, il suffit de lancer, tendu, avec un angle proche de 60°. Contraignez la dérive immédiatement après le posé.

   Pour pêcher profond et lentement, c’est plus compliqué : Lancez avec un angle proche de 80°, pas trop loin, pour éviter le balayage du fort courant. Dès le posé, redressez la soie pour la mettre le plus possible dans l’axe du courant. Pour cela effectuez un mending énergique et pointez la canne vers la berge opposée. Laissez ensuite la ligne plonger, en la laissant glisser de plusieurs mètres vers l’aval (cela suppose d’avoir gardé en main une réserve de running line). Bloquez ensuite la ligne, pour démarrer la dérive. Pas facile… mais efficace !

   Par fort niveau, le saumon peut se tenir tout près de la berge, ou y accompagner votre tube-fly. C’est pourquoi vos dérives doivent s’achever avec la soie parallèle à la berge, à moins d’un mètre de celle ci. Comme le courant faiblit et que le fond remonte en bordure, n’attendez pas que votre ligne « s’endorme », pour relever la canne à 45° et commencer à stripper lentement. C’est la bonne manœuvre pour décider un poisson « suiveur » à attaquer, ou déclencher la touche de celui posté contre la berge. Le fait de tenir la canne à 45° lors du « strip » laisse assez de mou dans la ligne pour que le saumon prenne bien le tube avant votre ferrage.

   Pour réussir : à chaque lancer, visualisez votre « bande de touche ». Posez la ligne juste un peu plus loin. Faites en sorte que votre tube traverse toute cette bande de touche à la bonne profondeur, avec la bonne vitesse.

   Par niveau « normal », voire « bas », ne délaissez pas pour autant votre panoplie de shooting. En action de pêche, gardez toujours avec vous la bobine (ou moulinet), équipée du running line, et vos 2 ou 3 shooting. Cela pourrait bien vous sauver la mise, dans plusieurs types de circonstances.

Par vent fort...pas rare en Irlande ! Une shooting F/H/I est plus efficace pour réussir des lancers « décents » qu’une soie classique, tout en restant suffisamment discrète (la surface est alors agitée par les rafales de vent).

Sur les courants, et certaines têtes de pool, une shooting plongeante permet une prospection plus profonde et plus lente. 

Par niveau bas, alors que les poissons semblent « calés », avec votre shooting plongeante, vous pouvez aller leur chatouiller le museau… pourquoi pas avec une petite mouche.  

En variant ainsi la présentation, on s’offre le moyen de déclencher enfin une belle touche ! 

La Suir est belle et souvent généreuse! Et, de mai à fin septembre, les saumons sont présents sur nombre de pools. Pour ne rien regretter de votre séjour, prenez les moyens de vous adapter aux conditions imposées par la rivière...et pêchez dur, quel que soit le niveau !

JJ Chaumet.

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